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la chronique

des Dragonnades ; c’est le fanatisme politique et l’ivresse du pouvoir qui actionnaient les uns et les autres.

D’où vient l’anticléricalisme.

On peut se demander alors d’où vient que les Français soient, par moments surtout, si violemment anticléricaux. Qu’est-ce donc qui les y incite ? Nous avons indiqué tout à l’heure leur tendance à la révolte qui alterne avec leur obéissance passive et s’exprime vis-à-vis de l’Église aussi bien que vis-à-vis de l’État. Mais, il y a autre chose. Un radical qui amusait le parlement, il y a quelque dix ans, par ses boutades incessantes se disputait en pleine chambre des députés avec un de ses collègues, ecclésiastique distingué, lorsque à bout d’arguments, il s’écria : « Je ne parle pas à un homme qui s’habille en femme ! » Toute la chambre s’esclaffa. Or, par cette plaisanterie d’un goût douteux, le député traduisait un sentiment très répandu dans le pays et auquel les gens du peuple, même excellents catholiques, ne sont point étrangers. La notion Française de virilité est extrême-