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la chronique

part, la diminution de la natalité se fait sentir ailleurs qu’en France. Il est logique d’attribuer à certaines causes extérieures l’exagération de cette diminution en ce qui concerne la France continentale. Dès qu’on examine attentivement la question on est amené à faire entrer en ligne de compte l’influence des fameuses guerres de la révolution et de l’empire qui, à la fin du xviiie et au début du xixe siècle fauchèrent tant d’existences mâles et, naturellement, les plus jeunes et les plus robustes. Le rayonnement de gloire dont s’auréole l’épopée napoléonienne a rejeté dans l’ombre les coûteuses et incessantes hécatombes au prix desquelles elle fut conduite ; mais quand on y songe, une telle saignée peut-elle ne point jeter le trouble dans l’organisme d’une nation et ne point diminuer sensiblement sa puissance vitale ? On a calculé que, sans ces vingt années de luttes meurtrières, les Français de France seraient aujourd’hui 59 millions au lieu de 39. Voilà une perte qui, même en en réduisant sensiblement l’estimation, ne saurait être considérée comme négligeable. Et depuis lors s’est encore produite la cruelle trouée que la guerre de 1870 a faite dans les rangs de la jeunesse française.