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la chronique

difficiles à établir. Rostand s’est essayé en des genres très différents ; ses Romanesques sont une charmante restitution de la comédie en vogue chez nous au début du xviiie siècle ; dans la Samaritaine son talent s’est fait biblique et mystique ; une nuance d’exotisme apparaît à travers les aventures de la Princesse lointaine ; l’Aiglon est un drame historique, où le caractère très récent que revêt la réalité restreint singulièrement le rôle de la fantaisie. Entre cette dernière pièce et les trois premières s’intercale Cyrano de Bergerac dont la réussite triomphale a donné rétrospectivement à celles-ci un éclat exceptionnel et a assuré à celle-là un accueil peut-être supérieur à ce que l’auteur, moins bien inspiré cette fois, eut été en droit d’attendre. En dehors des dons très rares qui font de Rostand un des plus exquis représentants de l’esprit français, Cyrano s’est révélé à des auditoires un peu las de la monotonie présente comme le splendide rappel d’un passé héroïque et somptueux. C’est toute la France du grand siècle dont le panorama défile sous les yeux du spectateur, la France avec ses gloires multiples, sa galanterie robuste, sa spirituelle insouciance, jusqu’à ses misères sympathiques — et surtout son prestigieux