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l’espèce de mariage de convenance qui avait fini par s’opérer sur la scène française entre le drame et la comédie et qui les avait tuées l’une et l’autre laissant la place à leur progéniture, c’est-à-dire au vaudeville et au mélodrame, enfants robustes dont la carrière fut longue et gênante. Ils avaient annexé peu à peu ce qui les entourait et étendu leurs conquêtes depuis l’histoire jusqu’à la musique ; les théâtres du boulevard s’étaient mis à donner des mélodrames historiques et l’opéra-comique, des vaudevilles chantés. La règle fondamentale de cet art de convention était qu’il ne devait jamais y avoir de rire sans mélancolie ni d’épouvante sans sourire ; ainsi s’étaient implantés petit à petit des sortes de rites par lesquels les effets se trouvaient harmonieusement gradués, les destins gentiment ordonnés, les impressions agréablement alternées. On s’étonnera plus tard jusqu’à quel degré put s’exercer la tyrannie de ces genres faux. Quand bien même ils contenaient dans leur essence même le germe de l’ennui dont ils étaient condamnés à mourir, leur règne eût duré plus longtemps encore sans la regrettable disette qui suivit la mort de Pailleron. Les très bons auteurs firent défaut. Les pièces continuèrent