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la chronique

l’étranger et il est impossible de ne pas voir là l’aurore d’un grand mouvement ; il était digne du pays de Molière qu’un Français en fut l’initiateur.

Pendant qu’aux flancs des Vosges se développe cet art rajeuni, le célèbre théâtre d’Orange, restauré et rendu à la vie, procure à ses fidèles l’illusion d’une merveilleuse descente dans le passé greco-romain d’où la France est issue. Le théâtre d’Orange est le plus vaste et le mieux conservé que nous ait légué l’antiquité. Longtemps délaissé, il a été l’objet d’un déblayage et d’une consolidation opérés avec lenteur et respect. Quand on a voulu l’utiliser à nouveau, on a eu la surprise de trouver intacte son extraordinaire accoustique. C’était en 1869 et l’essai fut repris en 1874. Mais Norma, Galathée ou le Chalet n’étaient guère appropriés à un cadre pareil. Le succès vint avec Œdipe-Roi et Antigone. Athalie échoua ; les Précieuses Ridicules parurent intolérables. On vit ainsi, comme l’a écrit M. Paul Marieton, que « l’intrigue simple et l’action rapide de la tragédie grecque touchent plus sûrement l’âme de la foule que les complications psychologiques de la dramaturgie moderne ». Au point de vue musical, le Moïse de Rossini, les Erinnyes de Massenet, diverses œuvres de Saint-