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la chronique

chiens sans avoir obtenu d’eux la cession de la Vénétie ; mais par contre, il ne s’opposa pas aux annexions de Parme, de Modène et de la Toscane réalisées peu après par le Piémont, contrairement aux stipulations de Villafranca. Les Italiens payèrent donc le prix convenu, à savoir Nice et la Savoie — et l’on fut quitte.

Comment concilier des manières de voir aussi parfaitement inconciliables ? Car si notre point de vue est le vrai, quelle reconnaissance ne nous doit point cette dynastie qui régnait sur une île infertile, la Sardaigne, et sur une principauté sans rivages, le Piémont — et que nous avons faite assez puissante pour pouvoir traiter, sur un pied d’égalité, avec les héritiers du saint empire ? Et si, au contraire, le vrai point de vue est celui de nos voisins, n’étaient-ils pas libres de partager leur gratitude entre les deux nations qui ont simplement rendu leur délivrance plus prochaine : la France à laquelle, en 1859, ils durent le Milanais et la Prusse qui, en 1866, leur valut la Vénétie ? Avec cette différence que la France fut dédommagée de ses services et que la Prusse ne demanda rien.