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la chronique

d’Allemagne et d’Italie ; se faire céder en retour Nice, la Savoie, le Luxembourg et peut-être les provinces wallonnes de Belgique. C’eut été, à la fois, opérer la revanche si longtemps désirée des humiliations de 1815 et poser les bases d’une ère durable. La confédération italienne, surtout, était facile à constituer car la géographie s’y prêtait. Il suffisait que Napoléon iii fit alliance avec le roi de Naples en même temps qu’avec le roi de Sardaigne et affirmât nettement son intention de défendre l’indépendance des États pontificaux. Nous ne voulons pas dire que cette solution aurait été la meilleure pour l’Italie — ni même pour l’Église ; mais c’était incontestablement celle qui se recommandait au point de vue français. Car ce n’était point du tout la même chose pour la France d’avoir au nord de l’Italie un État fort et homogène mais de rang secondaire et voué, par la menace autrichienne, à se maintenir dans son orbite — ou bien d’assister au groupement de la péninsule entière en une grande nation appelée à devenir bien vite un État de premier rang. En cette circonstance, Napoléon fut plus italien que français. Il sacrifia la politique française au sentimentalisme italien dont il était imprégné. Dès