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la chronique

affaires étrangères ; derrière eux se forma un bloc colossal dont le poids écrasa à la fois les raisonnements de M. de Pressensé et la motion de M. Hubbard.

Bien anodine en soi, pourtant, la motion présentée par ce député peu célèbre. « La chambre invite le gouvernement à se concerter avec les gouvernements étrangers au sujet de la limitation des charges militaires ». En d’autres temps on l’eut repoussée — car ainsi que l’a dit M. Delcassé, notre dignité ne peut rien gagner à prononcer des paroles inutiles — mais on l’eut repoussée avec les égards dus au sentiment respectable qui l’avait dictée : le même sentiment, après tout, qui incita Nicolas ii à convoquer naguère la conférence de la paix. Cette fois les débats auxquels la motion de M. Hubbard servait de sanction donnaient un caractère bien différent à l’idée de la limitation des charges militaires. Il s’agissait pour la France d’abdiquer, non pas seulement toute velléité de revanche, mais toute velléité d’offensive future ; il s’agissait, selon un mot de M. Jaurès, d’adopter définitivement la politique de la paix en marquant la résolution de lui tout sacrifier chez nous pour mieux en hâter l’avènement chez