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casuistique tortueuse qui caractérise ses discours. Mais rien n’est plus symptomatique de son état d’âme à cet égard que la création des « délégués ». Il en avait touché un mot à la tribune de la Chambre sans y insister. Parmi ceux qui avaient noté l’étrangeté de l’expression et s’étaient rendu compte de ce qu’elle voulait dire, bien peu savaient que le président du conseil eut poussé l’application du système aussi loin. En fait, dans toutes les communes où le maire n’était point de son bord et ne soutenait pas sa politique, M. Combes possédait un « délégué » choisi en son nom par le préfet avec l’agrément et le plus souvent sur la désignation de la Loge la plus voisine ; ce délégué faisait l’office d’une sorte de maire déguisé rendant plus de services, par le fait même de son déguisement, que n’aurait peut-être pu le faire le maire véritable : ce qui empêchait sans doute M. Combes de trop regretter la réforme libérale accomplie par la loi de 1884, laquelle a enlevé au gouvernement la nomination des maires et rendu aux conseils municipaux le droit de les élire. Le délégué était avant tout un agent de renseignements, un policier, centralisant toutes les dénonciations et les transmettant à la préfecture.