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de france

l’écoutant il semblait qu’on aperçut, comme à vol d’oiseau, toute son œuvre et on en saisissait mieux le sens et la portée. Faire comprendre, faire sentir, faire vouloir, cela résumait à ses yeux la mission du sculpteur. Peu lui importaient l’éloge d’un raffiné ou l’admiration d’une élite. C’est à la masse qu’il en voulait ; il sculptait pour elle ; il souhaitait de lui faire éprouver ces grands frissons collectifs qui sèment l’enthousiasme et préparent à l’immolation. La statuette délicate et menue que font valoir les tentures d’un salon ou les vitrines d’un musée ne l’intéressait qu’un moment. Le monument public satisfaisait seul ses aspirations — le monument de grande taille, harmonisé avec le lieu, sobre et franc de lignes — le monument dressé de façon à défier le temps, à mater l’indifférence et propre à servir l’avenir en racontant le passé — le monument par lequel s’évoquent la sérénité du devoir accompli, l’élan patriotique, les espoirs sans déchéance, les abnégations sans limites. N’est-ce point là ce qu’enseignent en leur langage robuste la Liberté de New-York, le Lion de Belfort et le Vercingétorix de Clermont ?