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la chronique

jours sinistres de la Terreur. En quinze mois, le Directoire lança jusqu’à près de 10.000 arrêtés de déportation contre des prêtres, confondant dans sa haine les constitutionnels avec les orthodoxes. Le « décadi » prit la place du dimanche et une sorte de culte civique qu’on appela décadaire fut imposé par la force aux populations.

Ce régime dura jusqu’au 18 Brumaire. Dès que Bonaparte eut commencé de rétablir l’ordre et d’affermir son pouvoir, il se trouva en face de la question religieuse. Il en aborda l’examen sans préjugés. Autour de lui régnait un mépris grossier pour la religion, tout au moins pour les Églises. Sur le fond d’esprit voltairien légué par l’ancienne société à la nouvelle était venu se greffer l’influence des récents événements ; presque tous pensaient dans l’entourage du consul que le catholicisme, pour encore agissant qu’il put être sur la foule, ne reconquérerait jamais l’élite. Aussi bien une religion était-elle donc nécessaire à l’élite ?… Bonaparte ne s’attardait pas à ces considérations. Il sentait combien l’insurrection vendéenne, pour laquelle il éprouvait beaucoup d’admiration et de respect, avait été plus catholique encore que royaliste. L’expérience de l’an iv était