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la chronique

dont Jugurtha faisait la guerre aux Romains rappelle à s’y méprendre les procédés d’Adel-Kader. Autour d’un petit nombre de réguliers, péniblement assemblés et formés, apparaissent et disparaissent les « goums » capricieux, emportés par un élan aussi énergique que passager, incapables de se plier aux nécessités de la tactique et aux rigueurs de la discipline. Tels sont les Arabes d’aujourd’hui ; loin d’avoir modifié les Berbères en leur imposant de nouvelles conditions d’existence, ce sont bien ces derniers qui ont fait adopter leurs mœurs par leurs vainqueurs. Par contre les dieux berbères ne ressemblaient guère à celui de Mahomet et ainsi faisait défaut le seul principe d’union qui existe sur la terre d’Afrique où les tribus éparpillées, plus ou moins nomades et toujours promptes aux querelles intestines, ne sont susceptibles d’un effort commun que lorsque la haine religieuse, caractéristique de l’Islam, leur est prêchée. La déesse Tanit et le dieu Baal Ammon, pour sanguinaires qu’ils fussent, n’exigeaient pas l’extermination des étrangers et leurs sectateurs ne demandaient pas mieux que de les associer de bon cœur avec Junon et Saturne : ce qui permit aux Romains de les introduire dans l’hos-