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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/208

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la chronique

affaire. Seulement la délation ne représentait en somme qu’un incident, qu’un épisode d’une campagne d’ensemble menée contre le patriotisme. L’armée, incarnation plus particulièrement tangible de la patrie, en avait été la première victime ; elle était aussi la moins atteinte et fut la première à se ressaisir. Ce n’était pas là qu’était le foyer du mal.

Le foyer du mal

Il était à l’école primaire. L’agent de sa propagation c’était l’instituteur. Certes, on eût bien étonné les apôtres de la pédagogie laïque, Jules Ferry, René Goblet et surtout Paul Bert en leur disant qu’ils forgeaient un instrument d’antipatriotisme futur. Leur préoccupation était exactement inverse. La patrie, de leur temps, tenait à l’école la place de la religion qu’ils venaient d’en expulser et le culte s’en montrait d’autant plus exalté qu’aucun autre culte ne rivalisait désormais avec lui. Les élèves des écoles normales d’instituteurs étaient dressés ; envisager les devoirs patriotiques — et en particulier le devoir militaire — comme dignes de tous les respects et de toutes les