Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
204
la chronique

proclamons au contraire que l’amour de la patrie est un sentiment aussi nécessaire et aussi naturel que l’amour de la famille ». L’année précédente, le congrès de la Paix de Nîmes avait voté cette motion : « Admirant les actes de courage de ceux qui ne veulent pas porter les armes et affirmant, d’autre part, le principe d’égalité devant la loi, le congrès déclare qu’il est incompétent pour indiquer une conduite quelconque dans des cas qui relèvent uniquement de la conscience individuelle. » On mesure le chemin parcouru en un an. Mais le dernier coup fut porté aux antimilitaristes par le congrès socialiste d’Iéna. En vain un des membres du congrès proposa-t-il de déclarer que « pour les socialistes allemands, il n’y a pas de questions nationales ». Un silence significatif accueillit cette proposition. Quant à celle du délégué Bernstein tendant à blâmer la politique suivie par l’Allemagne dans l’affaire du Maroc, l’assemblée la repoussa à une très forte majorité. Naturellement, en faisant état de l’antimilitarisme, les socialistes français avaient tablé sur l’adhésion à leurs doctrines des socialistes allemands. La défection de ces derniers plaçait les premiers dans la situation la plus ridicule.