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palpitant ; des liens longtemps invisibles se sont révélés, rattachant la conscience humaine au sol fécond ; les contours encore imprécis des grandes lois sociales ont surgi sur l’horizon ; l’harmonie merveilleuse de la planète a affirmé sa réalité. Celui dont telle fut l’œuvre était pauvre et voyager coûte cher. Reclus, pour vivre, exerça des métiers divers et imprévus. Il fut agent de cadastre, débardeur sur les quais, précepteur, travailleur agricole ; il fit même la cuisine à bord d’un paquebot. C’est ainsi qu’entre 1851 et 1857, il parvint à visiter le nord de l’Europe, les États-Unis et une partie de l’Amérique du sud. Ses aspirations sociales vers un idéal de fraternité et de lumière jetèrent malheureusement du désarroi et de l’incohérence au travers de sa vie de penseur. Il se laissa entraîner sur les pentes faciles des spéculations anarchiques refusant toutefois d’encourager le geste homicide que sa plume parfois semblait excuser. Cela nuisit à sa production scientifique. Mais après 1871, il se confina dans des travaux qui le conduisirent jusqu’au seuil du tombeau. Les dix-neuf volumes de sa Géographie Universelle l’occupèrent pendant plus de vingt ans et ensuite il mit dix ans à composer L’Homme et la