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justice de lui donner à gouverner la colonie nouvelle. Brazza en garda douze ans le gouvernement. Mille déboires l’atteignirent, Il exposait mal des vues très justes ; on ne le comprenait pas à Paris et on le critiquait. Des jalousies personnelles et des rivalités d’opinions finirent par rendre sa situation difficile. Le Congo, point de départ de la mission Marchand que Brazza blâmait avec tant de raison, eut encore à en supporter les frais. Le gouverneur protesta et fut révoqué. Il avait dépensé presque toute sa fortune pour doter son pays d’adoption d’une colonie d’avenir ; on le laissa sans ressource. C’est alors que se révéla dans toute sa beauté antique l’âme virile de Pierre de Brazza, Silencieux, réduit à l’inaction et à la gêne, sans une plainte, sans un reproche, il vécut des années douloureuses donnant à ses trop rares fidèles le spectacle d’un héroïsme à la Plutarque. La justice enfin se fit jour et l’heure sonna de la réhabilitation. En 1901, sur la demande du premier ministre Waldeck-Rousseau, le parlement vota une dotation nationale. La gêne prenait fin mais l’inaction restait pesante. En 1905, la nécessité s’affirma d’une enquête générale sur la façon dont le Congo français se trouvait gouverné ;