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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/244

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la chronique

cien écuyer de Napoléon iii, se trouvait lié envers la famille impériale par la reconnaissance et l’affection. Tous deux restèrent fidèles à leurs convictions et leur carrière n’en fut ni troublée ni entravée. Ils servirent leur patrie avec un égal dévouement et une égale loyauté. C’est qu’à travers les régimes divers qu’elle s’est donnés, la France leur apparaissait vivante et certaine. On se rappelle le mot fameux du duc d’Aumale présidant le conseil de guerre qui jugea le maréchal Bazaine. Comme Bazaine arguait pour sa défense qu’il n’y avait plus à ses yeux, depuis le renversement de Napoléon iii, d’organisation gouvernementale à laquelle il put se référer : « Pardon, interrompit le prince, il restait la France ». Cette conception est exclusivement française. Elle est née de l’histoire. La continuité de la pensée et de l’effort français à travers les vicissitudes de la politique est un des phénomèmes importants du xixe siècle mais, jusqu’ici, les historiens n’ont point su le mettre en relief. Beaucoup de citoyens n’en ont même pas conscience et pourtant la plupart sont prêts à agir comme si leurs actions s’en inspiraient. Cela est vrai surtout de l’armée. Les autres armées sont impériales ou royales ;