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tard au Tonkin et ailleurs encore, l’action allemande s’exerça en faveur de la France et de façon fort appréciable. Le mobile du chancelier, en ceci, était double. Il jugeait bon que l’activité française se détournât vers les colonies et il y voyait en outre l’avantage d’isoler la France en l’opposant à l’Angleterre dans les affaires asiatiques, à l’Espagne dans la question marocaine, à l’Italie surtout dans l’entreprise tunisienne. Mais il ne désarmait pas pour cela et ses sourires s’alternaient de menaces. Des campagnes de presse d’une violence inouie éclataient soudainement contre la France sous les prétextes les plus futiles. Celle de 1883 dépassa les précédentes ; elle avait eu pour origine une inoffensive tournée d’inspection faite dans l’Est par le ministre de la guerre. Le Reichstag fut convoqué d’urgence… puis tout se calma comme par enchantement. À ce moment, la Triple alliance était scellée et Gambetta venait de mourir. Ces événements avaient dû apporter une grande sécurité à Bismarck qui avait toujours considéré Gambetta comme le Pierre l’Ermite éventuel de la revanche et qui, d’autre part, désirait depuis longtemps donner une forme concrète à son entente avec l’Autriche et l’Italie. On s’est perdu en conjectu-