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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/45

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de france

mage direct et inutile rendu par l’armée française à feu son vainqueur.

Ces contradictions font bien ressortir un des penchants les moins flatteurs de l’esprit français, celui qui incite continuellement le citoyen à de vaines protestations par lesquelles il semble que sa dignité soit rendue sauve puisqu’il s’abstient ensuite de mettre ses actes en accord avec les principes proclamés bruyamment par sa bouche ou son geste. Gambetta avait donné à la France un admirable mot d’ordre qu’elle n’a point su comprendre ni pratiquer. « Pensons-y toujours, s’était écrié le grand tribun, et n’en parlons jamais ». Il s’agissait beaucoup moins dans sa pensée de vouloir envers et contre tous une guerre de revanche que de se rendre capable de la soutenir à l’occasion. Les Français, au contraire, en parlèrent beaucoup et n’y pensèrent guère. En tous les cas, ils eurent le tort de ne pas aller chercher dans leurs vieux codes de chevalerie une règle de conduite qui seyait pourtant à leur urbanité native : celle d’après laquelle, dans l’intervalle de la bataille, ceux qui y prennent part se témoignent toutes sortes d’égards sans établir de distinction entre les coups donnés et les coups reçus.