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bre 1906. Le désastre était complet. Le pape avait tout sacrifié au mirage de cette réaction populaire dont on avait fait miroiter à ses yeux la possibilité et qu’il attendait obstinément. Aigri contre la France, en voulant à tous des échecs successifs de sa politique, il avait pourtant reculé devant la mesure suprême, conclusion logique de cette politique ; il n’avait pas osé lancer l’interdit sur la république ou, à défaut de l’interdit, supprimer le culte public en ordonnant l’abandon des églises. Quel eût été l’effet d’une pareille audace ? Nous n’hésitons pas à dire qu’elle eût provoqué dans le pays un état de trouble tel que gouvernement eût été certainement forcé, avant que deux années se fussent écoulées, d’ouvrir des négociations avec le Saint-Siège pour la conclusion d’un traité de paix. Certes au point de vue spiritualiste chrétien, l’interdit serait apparu comme un anachronisme choquant mais, au point de vue du Vatican lui-même, il aurait constitué une machine de guerre redoutable. Si l’on ne voulait pas en venir là, il ne fallait pas opposer des fins de non recevoir aux solutions qui s’offraient. Elles étaient médiocres et boiteuses, mais cela valait mieux que de ruiner matériellement