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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/142

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la chronique

deux gouvernements. En décembre 1902, une flotte de seize navires anglo-allemands, à laquelle se joignirent bientôt trois croiseurs italiens, vint bombarder Puerto Cabello. Deux canonnières vénézueliennes furent coulées ; une note dont le total se montait à trente-trois millions avait été présentée aux autorités. La France qui venait de signer le oiseux protocole mentionné ci-dessus s’était abstenue. Sa précipitation malencontreuse lui ôtait maintenant les moyens d’agir. Elle se consola par la pensée que le rapprochement poursuivi par elle avec les États-Unis s’en trouverait facilité. Vue erronée d’ailleurs car si, en participant à l’initiative des puissances son influence s’était exercée sur ses alliées avec un caractère modérateur, elle eut servi bien plus utilement encore qu’en s’abstenant les désirs du cabinet de Washington. À l’encontre de son habitude, M. Delcassé dirigea toute cette phase — la plus grave — de l’affaire vénézuelienne d’une manière malhabile. Il advint même que la diplomatie française se trouva dupée bien au-delà de ce qu’on pouvait croire. En effet, lorsque sur l’intervention du président Roosevelt, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Italie eurent consenti à soumettre