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de france

Initiative décroissante.

On pourrait tracer presque mathématiquement la courbe de l’esprit d’initiative chez les Le Moyne. On la verrait jaillir inopinément du sol dieppois comme un geyser imprévu. Peut-être cette brusque ascension a-t-elle été déterminée par des atavismes que nous ignorons. Car la vie du père Le Moyne et de sa femme n’indique chez ces bonnes gens aucune velléité d’émigration. Mais il faut se remémorer qu’en ce temps là les plus sédentaires des habitants de Dieppe étaient familiarisés par la vue des navires fréquentant le port avec l’idée des grands voyages et des établissements en terre lointaine. De plus, toute la renommée de la cité lui venait des audaces exotiques de ses fils ; ceux-ci étaient connus pour leur goût des entreprises risquées. On était à la première moitié du dix-septième siècle ; il y avait plus de deux cent cinquante ans qu’un « Petit-Dieppe » existait sur la côte de Guinée — comptoir embryonnaire fondé jadis par de hardis négociants. La jeunesse subissait naturellement l’influence de ces exemples. Elle « avait de la