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la chronique

au talent et au tact qu’y ont apportés ses titulaires — nul ne saurait le nier ; mais elle le doit plus encore au fait de représenter devant l’univers la seule forme d’autorité qui, depuis un siècle et demi, ait réussi en France à se transmettre régulièrement et paisiblement avec une promptitude dont l’imprévu des circonstances vint souvent accroître et souligner la valeur. En effet, ni l’assassinat de Carnot ni la mort subite de Félix Faure ni la démission déconcertante de Casimir Périer, ni le lamentable scandale dans lequel sombra Jules Grévy n’entravèrent le fonctionnement de la machinerie versaillaise. Comment les spectateurs distants et désintéressés n’admireraient-ils pas la solidité et la souplesse d’un rouage qui a résisté à de pareilles épreuves ? N’oublions pas non plus l’espèce d’esprit hiérarchique qu’ont révélé ces élections successives. Jules Grévy était président de la Chambre lorsqu’il fut élevé à la présidence de la République : Casimir Périer également. Félix Faure était ministre de la marine et avait été vice-président de la Chambre. Émile Loubet était président du Sénat. Les concurrents auxquels ceux-ci furent préférés étaient ou avaient été présidents de la Chambre : tels MM. Brisson,