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la chronique

nement. Il a le droit de choisir ses ministres et de présider leur conseil, de communiquer avec le parlement par voie de message, d’exercer une sorte de veto suspensif en réclamant une nouvelle délibération sur une loi avant de la promulguer, d’en appeler enfin au pays en prononçant d’accord avec le Sénat, la dissolution de la Chambre. Voilà certes des privilèges effectifs et qui le font l’égal en pouvoir de plus d’un souverain constitutionnel. Quelques-uns de ces privilèges dira-t-on sont tombés en désuétude ; mais l’homme qui voudrait les remettre en vigueur aurait la loi pour lui et, à condition d’y apporter du doigté et de l’à-propos, y réussirait probablement. Quand Félix Faure s’avisa de présider les séances du Conseil supérieur de guerre, il rénova un usage abandonné depuis le maréchal de Mac-Mahon ; personne pourtant ne protesta. Quand il accepta de se rendre à Pétersbourg pour y être l’hôte de Nicolas ii, il innova de tous points car l’opinion n’était pas préparée à envisager la possibilité de semblables voyages ; or l’innovation devint la règle.

Mais sans rien innover ni rénover, le président puise dans la réserve apparente, dans l’effacement relatif qui lui sont imposés plus encore par les