Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
57
de france

deux journées, à quinze jours de distance, les 6 et 20 mai. En général, elles ne furent marquées par aucun trouble et, sans qu’on puisse dire que la courtoisie entre candidats ait fait beaucoup de progrès, cependant il s’échangea moins d’injures personnelles qu’à l’habitude. Trop d’intérêts majeurs se trouvaient en présence et l’importance des décisions à prendre dominait le conflit. Dans les professions de foi, on remarqua, en ce qui concerne le socialisme, un abus singulier de mots et une réserve significative sur le fond. C’était à qui s’intitulerait socialiste. Mais c’était à qui, d’autre part, éviterait de se prononcer contre la propriété ou contre l’armée et à qui se féliciterait de voir le régime de la séparation des Églises et de l’État s’établir d’une façon libérale et tolérante ; on se bornait aux promesses fiscales, impôt sur le revenu, retraites ouvrières, etc. ; on demeurait muet sur le reste. Il était visible que les adhérents de l’ancien « bloc » ressentaient pour la plupart la peur du pays ; cette peur salutaire les rendait prudents. Ils avaient à rendre compte d’une période d’audace qui s’était, finalement, terminée par une déroute ; une politique d’énergumènes avait dépouillé la France de sa force défensive et l’avait, à