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l’éducation en angleterre

mais dont on fut longtemps sans soupçonner le génie ; le mot n’est pas trop fort, car Arnold avait véritablement le génie de l’éducation. Son regard perçant descendait au fond des âmes : il devinait les pensées ; on ne pouvait rien lui cacher. Aussi, comme il s’entendait bien à conduire les enfants, à les façonner, à en faire des hommes. À cela il joignait une sorte d’influence magnétique qu’il exerçait sur tous ceux qui l’approchaient. Quand il devint en 1828 head master de Rugby, il commença par mécontenter tout son monde en entreprenant des réformes impopulaires ; le niveau moral et social était alors très bas dans les collèges ; il y avait beaucoup à faire. Mais en peu de temps, Arnold eut raison de toutes les préventions et il devint à tel point l’idole de ses élèves qu’ils se fussent jetés au feu pour lui plaire… et lorsque la mort vint pour lui, prématurée et inopinée, ce fut une stupeur, un anéantissement extraordinaire dans Rugby ! Le monde scolaire allait-il continuer à vivre, à présent qu’Arnold ne l’animait plus !… oui. Arnold était resté quatorze ans à la tête de Rugby, et l’œuvre de ces quatorze années