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Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/188

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le roman d’un rallié

effet, ces froissements, ces difficultés minimes mais quotidiennes, ces oppositions, ces blâmes silencieux, ces tiraillements que Mary pressentait si bien et redoutait si fort ? Qu’étaient-ce, sinon des riens, indignes de créatures humaines, fruit d’intolérance et de mièvrerie ?… De tels riens suffisent à barrer une route. Il avait beau y réfléchir, il ne parvenait plus à se représenter la jeune Américaine à Kerarvro, autrement qu’en visite. Il la voyait bien sur les pelouses, au salon ou dans la forêt ; il ne la voyait pas chez Perros, ni à l’église, ni dansant des jabadaos, les jours de pardons. Elle y eût mis toute sa grâce, toute sa bonne volonté ; mais non ! il manquerait encore quelque chose. Alors il interrogea sa conscience pour savoir si vraiment il était tenu de vivre dans ce pays. Le devoir, si nettement, si douloureusement formulé par Mary, n’était-il pas imaginaire ? N’avait-il pas le droit de s’en aller planter sa tente ailleurs ?

La cloche du déjeûner sonna comme on lui servait la dernière crêpe. Il eût le sentiment d’avoir un peu attristé tous ces braves gens en se mon-