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Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/39

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le roman d’un rallié

fraîcheur et l’éclat. Son profil est très fin, sa tête s’incline légèrement quand elle demeure silencieuse ou qu’elle réfléchit et puis se redresse dès qu’elle parle et alors, on sent le fluide du vouloir qui coule en elle. Ce n’est pas le vouloir robuste et raisonné de l’homme énergique, encore moins celui de la femme capricieuse ou mesquinement entêtée ; c’est quelque chose d’indéfinissable fait d’équilibre, d’harmonie, de certitude lucide et de grâce enveloppante… c’est une sorte de mélange de lumière et de chaleur. Ada Jerkins vient d’associer ces deux mots en parlant de son amie, pour qui elle professe une admiration naïve et absolue. Étienne s’en est emparé aussitôt. Voilà une définition qui le satisfait presque. La première fois qu’il a vu Mary Herbertson, il a oublié de regarder ses traits parce qu’il regardait son âme ; et depuis, c’est toujours cette âme qu’il voit comme si Mary était en cristal. Ada, maintenant, lui raconte des choses passées et intimes qui l’intéressent au plus haut point. Elle sautille d’un détail à un autre comme un oiseau et son babil rappelle