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le roman d’un rallié

les labeurs. Et, précisément, le temps présent ouvre des perspectives illimitées, dans les directions les plus opposées ; il faut des semeurs et des charpentiers, des peintres et des maçons, des tapissiers et des forgerons ; tendances et méthodes, tout se renouvelle. D’autres générations ont connu cette incertitude du lendemain qui nous agite ; d’autres ont vu se dresser devant elles ces mêmes lourdes tâches qui nous effrayent ; mais le plus souvent, dans le passé, l’homme s’est senti paralysé par les circonstances adverses ou bien le plan de son travail, tracé d’avance par une autorité despotique, l’a transformé, lui, en esclave qui exécute et ne crée point. Sentir que demain sera ce que nous le ferons, savoir que le moindre geste, la moindre parole se résolvent en forces qui accélèrent ou ralentissent l’énorme rotation, c’est véritablement de quoi griser l’individu. Et il se grise en effet. L’action est devenue sa déesse ; il ne lui dresse pas d’autel au seuil de sa maison, mais il lui rend un culte au fond de son cœur, un culte passionné, presque voluptueux.

Étienne subissait fortement l’impulsion géné-