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le roman d’un rallié

en quoi modifierait-elle l’état de choses dont il était la victime. — Qu’espérait-il donc ?… Mais Étienne ne raisonnait plus, un instinct, plus fort que tous les raisonnements, le poussait à traverser l’Atlantique.

Il s’en ouvrit à sa mère. Les derniers événements avaient un peu troublé la sérénité de la marquise. Après avoir vécu dans une absolue sécurité, sans rien deviner des combats, dont l’âme de son fils était le théâtre et que, d’ailleurs, il excellait à dissimuler, elle l’avait vu, tout d’un coup, changer d’allures, courir les théâtres, « se déranger » pour employer le mot qui résume les craintes et les soucis de toutes les mères. Ses sorties nocturnes, ses traits tirés, ses longs silences disaient clairement la nature du péril. Aussi Yves d’Halgoët avait-il été considéré comme un sauveur et traité avec une bienveillance particulière. Hélas ! ce n’était donc pas fini de tout ce désordre ? Fallait-il, vraiment, aller chercher si loin le remède ? Étienne avait visité déjà la Suisse, la Belgique et l’Angleterre à plusieurs reprises. La marquise admit l’opportunité d’un plus long