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le roman d’un rallié

dez-vous ainsi ? Ce que je dis-là, est tout naturel ». — « Peut-être, répondit Étienne, mais cela me semble si peu Américain. On professe ici qu’un homme en vaut un autre ; on traite un ouvrier en blouse comme un gentleman ; et voilà une actrice en tournée qui gradue ses sourires d’après les parchemins ou les millions de ceux qu’on lui présente ! et vous trouvez cela parfait » !

L’Américain eut un joyeux éclat de rire qui résonna, clair et rapide, dans la pièce et obligea Madame Hetley à froncer imperceptiblement les sourcils. « Et qu’en concluez-vous » ? interrogea-t-il. — J’en conclus, riposta Étienne, qui s’animait en discutant, à l’existence dans votre pays, d’un genre de distraction très spéciale qui consiste à jouer à ce que l’on n’est pas, comme des petits garçons joueraient au soldat ou des petites filles à la marchande. En ce moment, vous jouez à la Cour. Madame Hetley, avec sa traîne de velours prune et son tablier de damas broché qui a l’air d’un morceau de vieille chasuble, représente la reine : Miss Mabel est sa dame d’hon-