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le roman d’un rallié

l’espace vide. S’il dort, la vision l’éveille, tant elle s’accompagne d’une désespérance aiguë. Au regret d’avoir perdu des illusions qui le soutenaient s’ajoute le sentiment qu’il a, là-bas, entrevu le bonheur et l’a laissé échapper…

Le retour n’eût pas cette tristesse. À bord, dès le second jour, il s’était remis d’aplomb, tournant plus facilement qu’il n’aurait cru son esprit vers l’avenir, vers la France et les obligations qu’il allait s’y créer. Mary avait bien raison de réclamer de lui des actes virils. Comment même, avait-elle pu se montrer si indulgente, si aimante, elle qui devait forcément le considérer comme un homme incomplet, sachant voir et ne sachant pas agir. L’Atlantique, par son extrême monotonie, détendait ses nerfs et, nul obstacle n’arrêtant jamais son regard sur la plaine liquide, il ne s’en élevait pas non plus dans son esprit, par rapport à ses projets. Tout s’abaissait, se nivelait, laissant le champ libre à sa générosité et à ses efforts. Et un plan, alors, s’était échafaudé en lui, très méthodiquement, aussi rythmé que ces vagues qui le balançaient, aussi régulier et uni que les plan-