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Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/37

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histoire des exercices sportifs

milieu du xve siècle environ, avec une raquette et se divisant en longue paume et courte paume ; la première en plein air, sans filet, la seconde en salle close avec filet ; elles se transforment, s’affinent. Trois siècles plus tard, en les combinant, le major Wingfield en fera le lawn-tennis. La passion de la paume est générale. Les rois en raffolent, mais les bourgeois aussi. Le journal d’un bourgeois de Paris, au xve siècle, parle d’une femme du Hainaut, nommée Margot, qui vint à Paris et battit tous les hommes sur le terrain dit du Petit-Temple. Un Anglais, Dallington, qui séjourna en France en 1598 décrit le pays comme follement sportif (« very immoderate ») et reproche aux Français d’avoir corrompu l’Angleterre qui les imite en tout et notamment dans leur passion pour les exercices violents[1] auxquels ils se livrent sans souci de l’heure ou de la température. Peut-être sait-il que, quatre ans avant, le lendemain de son entrée à Paris, Henri iv est allé « jouer à la paume tout du long de l’après-dinée » ; et sans doute en augure-t-il que le règne de ce prince sera déplorable !

Plus athlétique que la paume était la soule ou foot-ball, dont les règlements actuels se trouvent en germe très exactement, dans ceux du temps. Elle est violente et les accidents nombreux ; mais on n’en a cure. Tout le monde y joue. Henri ii s’y livre avec entrain et il veut toujours avoir le poète Ronsard dans son équipe. Ce n’est pas que la soule n’ait été très combattue. Philippe v vers 1319, Charles v vers 1369, ont essayé de l’interdire sans y réussir. Les ecclésiastiques

  1. C’est toujours la France qui est le centre, mais dans tout l’occident et aussi en Allemagne il y a « grands ébats » sportifs.