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pédagogie sportive

tant à exalter le tempérament celte[1]. Les Francs ne furent que de rudes chasseurs. Les ruines accumulées par la barbarie durant quatre siècles étaient peu favorables à une renaissance de la culture corporelle. On avait trop de peine à vivre pour s’occuper d’orner et d’embellir la vie. Pour que le sport renaisse, il faudra que, derrière la façade d’une institution germanique, se rencontrent les coutumes féodales et l’action indirecte de l’Église.

La chevalerie.

Il est hors de doute que la « remise des armes » au jeune germain telle que Tacite la décrit ne soit l’origine de la chevalerie. Or cette remise ne se faisait qu’à ceux reconnus « capables de porter les armes ». Comme elle était un signe de virilité et de noblesse à la fois, l’émulation est née parmi les candidats et vite devenue intense. C’est le germe du « baccalauréat musculaire » que passera le jeune chevalier avant d’être admis. Et pour s’y préparer, suivant encore une coutume germanique, il s’attachera en qualité d’écuyer à un chef éprouvé dont il sera en quelque manière le soldat, l’ordonnance, joignant un service personnel à des corvées d’écurie, de dressage et d’entretien des armes. La féodalité qui est toute basée sur ce principe de l’attachement de l’homme à un autre plus puissant qui le protège en échange de services —

  1. Il semble étrange que les Grecs de Provence fortement implantés autour de Marseille et en relations fréquentes avec les Gaulois dont ils étaient aimés ne leur aient pas « appris l’athlétisme ». Mais eux-mêmes l’avaient un peu désappris malgré des circonstances climatériques favorables.