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la préface des jeux olympiques.

mouvement, on se rendra compte de son importance. Né en Prusse au lendemain d’Iéna, il s’étend à la Suède, puis à l’Angleterre, aux États-Unis, revient en France, et gagne peu à peu les pays avoisinants. Partout, sauf en Angleterre, c’est une secousse nationale qui le détermine et çà et là se lèvent des hommes qui en prennent la direction et selon l’époque, le lieu, la race, l’idéal qu’eux-mêmes poursuivent, l’orientent dans des voies différentes. Le maître d’école prussien veut discipliner ses écoliers et, par les écoliers, la nation ; le professeur suédois songe à la santé publique ; le pédagogue anglais cherche un terrain solide d’éducation morale. On dirait qu’ils travaillent à trois œuvres différentes. Thomas Arnold, dans son collège de Rugby, vise-t-il donc le même but que Ling dans son Institut de Stockholm ? L’ardeur de leurs disciples, qui conçoivent étroitement les théories du maître et suivent aveuglément ses préceptes, augmente encore cette impression. La gymnastique militaire de l’Allemand, l’exercice hygiénique du Suédois, le sport libre de l’Anglais proclament leur supériorité et prétendent à la suprématie. Plus tard, à un carrefour qui est déjà sur notre horizon, on verra que leur action converge et que, si les moyens furent divers, le but était un. Ce qui suffirait à le prouver, c’est l’opposition qui s’est manifestée partout et sous une forme identique, non pas cette opposition routinière qui combat la nouveauté par respect pour la tradition, mais une opposition raisonnée issue du mépris qu’inspire l’exercice physique. C’est la réaction des premiers temps du christianisme qui