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Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/139

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souvenirs d’amérique et de grèce.

Chios, de Constantinople et de Cydonie ne l’émouvaient point, et la Prusse imitait sa réserve. Il est à remarquer d’ailleurs que personne, parmi les hommes d’État, n’admettait encore l’éventualité de l’indépendance grecque. On se proposait d’ériger le pays en une ou plusieurs principautés tributaires de la Turquie.

Si discrètes que fussent les stipulations du traité du 6 juillet, elles obligeaient néanmoins les puissances signataires à arrêter l’effusion du sang entre les belligérants. La Turquie résista, et il fallut détruire sa flotte à Navarin. Battue à nouveau par la Russie elle signa, en 1829, le traité d’Andrinople par lequel elle accédait aux conventions de 1827.

Le 3 février 1830, les puissances reconnaissaient formellement l’indépendance de la Grèce. Il avait bien fallu en venir là. « La liberté ou la mort » était demeuré jusqu’au bout le mot d’ordre immuable des Hellènes. La suzeraineté du sultan, ils n’en voulaient à aucun prix. Plutôt continuer la lutte et périr !

On leur octroya la liberté. Il restait, pour en jouir, six cent mille Grecs ; pour l’obtenir, trois cent mille avaient donné leur vie.

« Nous rentrâmes ici, me dit le colonel M*** qui, accoudé avec moi au parapet rugueux, contemple du haut de l’Acropole le panorama d’Athènes, et je me souviens que ma mère pleura en retrouvant sa