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Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/146

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notes athéniennes.

qui exista en cet endroit et dont quelques colonnes de marbre subsistent encastrées dans les plâtras byzantins. Dans l’église, il y a des fresques très anciennes, de grandes figures irritées de prophètes ou d’apôtres et quelques guirlandes séchées provenant du dernier pèlerinage

Au retour, il semble qu’on remonte vers la lumière, surtout quand le Parthénon apparaît au loin flottant dans une poussière d’or, entre le ciel et la terre. Cette vision radieuse emplit l’horizon ; le contraste est saisissant entre le petit monastère obscur et le temple éblouissant ! Et pourtant les Grecs peuvent hésiter dans le partage de leur reconnaissance Si l’Acropole symbolise leur merveilleux passé, la profondeur insondable et mystérieuse de leur génie créateur, l’humble chapelle a gardé pendant des siècles le feu sacré de l’existence nationale. Les prêtres médiocres et ignorants qui y ont chanté leurs mélopées débiles et chevrotantes étaient les dépositaires de cet héritage triomphal et ont veillé, jaloux, à sa conservation.

Toute la Grèce en est semée de ces petites églises ; parfois, en fouillant le sol, on en retrouve trois superposées ; elles se sont succédé de plus en plus petites, de moins en moins ornées, parce que les fidèles qui les ont bâties devenaient pauvres et souffraient la persécution de l’Islam !… Quand on songe à cela, on comprend le respect ému avec lequel cer-