Aller au contenu

Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
souvenirs d’amérique et de grèce.

t-on pas jeté ces mots, d’un accent pénétré, comme l’argument suprême contre la modernisation des Jeux Olympiques. Il ne paraît pas, à présent, que personne en soit choqué. Jouer au lawn-tennis devant le Colisée ou passer en automobile sous l’arc de Titus, voilà qui causerait une désagréable impression : les monuments romains datent ; ils ont un âge. Le Parthénon n’en a point, il est de tous les temps : aucune manifestation de la vie populaire ne le dépare.

La famille royale est infatigable ; elle a occupé au Vélodrome la jolie « loge » aménagée pour elle : une plate-forme surélevée qu’encadre une balustrade en fer forgé et qu’orne un pavé de mosaïque. Avant-hier le roi a présidé le concours d’escrime dans la rotonde du Palais du Zappion et hier la reine a ouvert le concours de tir, en perçant la première cible à l’aide d’un fusil enguirlandé de fleurs. Ce sera bientôt le tour des sports nautiques : la natation aura lieu dans cette charmante et minuscule baie de Zea vers laquelle les maisons neuves du Pirée descendent en foule étageant leurs balcons et leurs terrasses ornées de pampres ; jamais nageurs n’auront eu, pour déployer leur vigueur, cadre plus gracieux. Pour abriter les embarcations et mettre à portée des rameurs tout le confort d’un club anglais, un pavillon a été construit dans la baie de Munichie. Non loin de là sont les ruines d’un temple et, derrière la colline, quelques vestiges des longs murs se voient encore, à demi enfoncés dans le sable ; sur un promontoire s’élève la villa de Coumoundouros, séjour préféré du grand ministre. L’histoire du peuple grec se présente