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souvenirs d’amérique et de grèce.

le palais. Construit pour les représentants du protectorat, lesquels portaient le titre de lords-commissaires des Sept-Îles, il contient une salle du trône, qu’ornent les portraits des rois d’Angleterre et la salle, plus modeste, mais plus intéressante, où se réunissait le sénat ionien. Les portraits des présidents décorent celle-ci. Ils sont là sept ou huit, vêtus selon la mode anglaise de l’époque, portant le grand cordon de Saint-Michel et Saint-Georges, graves et froids ; on les dirait tous venus des rives de la Tamise. Leurs noms aux consonances riantes indiquent seuls que celui-ci naquit à Zante et cet autre à Céphalonie. — Le lord-commissaire logeait ainsi le gouvernement dans sa maison ; il était comme un ambassadeur offrant une hospitalité forcée au chef de l’État près duquel on l’a accrédité. Sa tâche était délicate ; il la remplissait généralement au gré du peuple, si l’on en juge par les monuments à l’aide desquels le peuple a témoigné sa reconnaissance. Il y en a trois sur l’Esplanade ; d’abord une petite rotonde à colonnes : sur le pourtour sont célébrés en grec les mérites de sir Thomas Maitland, le premier des lords-commissaires. On l’appelait King Tom, et sa popularité est demeurée vivante. Vient ensuite la statue de sir Frederick Adam, qui « régna » de 1823 à 1832. Il a revêtu sur son socle de granit une toge déplorable, qui le transforme en proconsul d’opérette, mais le souvenir de ses bienfaits ne s’est pas figé comme sa silhouette. Un obélisque s’élève un peu plus loin, qui est dédié à sir Howard Douglas (1843). Enfin, ce grand bâtiment sans caractère qu’on aperçoit à l’extrémité de l’Es-