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L’OUEST AMÉRICAIN



Loti trouverait peut-être des mots pour peindre la grande, l’infinie tristesse de l’Ouest américain

Nous y entrons ce soir par un clair de lune radieux qui argente la prairie, et tout de suite la sensation de la pleine mer nous prend. Le cercle d’horizon, sous la brume lumineuse, se devine aussi rigoureux, aussi mathématique que le perçoit le regard du matelot dans la hune : ce petit scintillement, là-bas, c’est le fanal d’un navire, qui, tout à l’heure, croisera notre sillage. Sous les roues du wagon, il doit y avoir d’insondables abîmes, des forêts d’algues, des monstres marins ; et ce frisson nous vient qu’on éprouve sur l’océan à contempler par-dessus les bastingages l’eau bouillonnante assiégeant de toutes parts la paroi frêle Au jour levant l’illusion se dissipe ; la plaine apparaît, mamelonnée, boursouflée et çà et là des arbustes se dressent, au-dessus des herbes. Voici une forme entourée de grands espaces cultivés. La régu-