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souvenirs d’amérique et de grèce.

héroïques du passé, éprouvent, de temps en temps, une toute petite démangeaison belliqueuse ! El Paso est la « frontière de l’Est » des Yankees.

Ses clochers ont disparu dans un nuage blanc. Il n’y a plus à présent qu’une solitude lamentable, vaste étendue de sable semée de broussailles jaunes. C’est l’heureux privilège de la terre californienne de ne se laisser approcher qu’à travers des régions maudites ; alors, que l’on arrive par la vallée de Sacramento ou par celle de Los Angeles, on est saisi et charmé, au quatrième réveil, par la grande lumière qui s’épand sur les choses et qui leur donne un relief et des contours de paradis terrestre Dans ces deux vallées toute l’histoire de la Californie a tenu : la conquête pacifique et la conquête armée, les missions et les mines, l’or et la culture.

ii

Le soleil tout-puissant paraît, au premier abord, avoir desséché, jusqu’en ses assises profondes, cette longue presqu’île qui allonge entre l’océan Pacifique et la mer Vermeille l’aridité de ses roches et de ses sables. C’est la Basse-Californie que Fernand Cortez visita en 1537 ; son nom lui vient, dit-on, d’une vieille chanson espagnole qui célébrait les richesses et les beautés des régions inconnues, situées au nord-ouest de Mexico ; et, après tout, la vieille chanson ne mentait pas ; les métaux précieux sortis du sol californien sont là pour l’attester.

Presque à la pointe de la presqu’île, bâtie dans un