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Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/54

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sur la côte de californie.

regards de tous. En un clin d’œil, la ville se vida. Le 29 mai, le journal le Californien suspendait sa publication, faute de lecteurs. Dès la fin de juillet, les mines avaient produit 250 000 dollars et la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. On arrivait de partout, de Los Angeles, de l’Orégon, des îles Hawaï, du Mexique, du Chili. Annoncée le 20 septembre à Baltimore, la découverte de l’or provoqua d’abord des sourires d’incrédulité, mais bientôt le doute ne fut plus permis ; le cyclone arrivait. Août et septembre avaient produit 600 000 dollars (3 millions de francs). Une folie spéciale s’emparait de tous : on vit des mariages se rompre, des familles se désorganiser et des agences d’émigration se fonder. Des prédicateurs, qui montaient en chaire un dimanche pour anathématiser le culte idolâtre du veau d’or, étaient en route le dimanche suivant. En quelques mois, le chiffre de la population, en Californie, tripla. À la fin de janvier 1849, quatre-vingt-dix vaisseaux chargés de monde avaient quitté les ports de l’Est et soixante-dix autres se préparaient à les suivre. Cette même année 1849 produisit 1 500 000 dollars et amena 100 000 émigrants. En 1850, on compta 3 millions de dollars. En 1851, on passa à 34 millions et, en 1852, à 46 (230 millions de francs). À la fin de cette année-là, la population s’élevait à 255 000 âmes. Entre temps, une constitution avait été votée et la Californie avait pris rang dans l’Union, malgré la violente opposition des sénateurs sudistes, lesquels voyaient s’augmenter ainsi le nombre des États anti-esclavagistes.