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souvenirs d’amérique et de grèce.

le retrait de la concession. Le général Blanco, gouverneur de Sonora, reçut fort mal la petite troupe et fit à son chef des offres inacceptables. Ce dernier se décida à marcher de l’avant. Après un arrêt à Magdalena, où ils assistèrent à de grandes fêtes religieuses et devinrent en peu de temps les amis de la population indigène, les Français, arrivés devant Hermosillo, en chassèrent le général Blanco et ses 1 200 soldats et s’installèrent dans la place. Par malheur, Raousset-Boulbon tomba dangereusement malade et fut pour de longs jours réduit à l’impuissance. Sa troupe, découragée, prêta l’oreille aux propositions de Blanco. Les Français reçurent quarante mille piastres à la condition d’évacuer le pays. Ils regagnèrent Guaymas, transportant leur chef dans une litière, et se rembarquèrent pour San Francisco. Or, en Californie, la prise d’Hermosillo avait eu un retentissement considérable ; un renfort de 600 Français allait partir et les capitalistes se préparaient à soutenir l’entreprise. Revenu à la santé, Raousset-Boulbon résolut d’organiser une seconde expédition.

De nouveau il se rendit à Mexico. À la suite de trois pronunciamientos successifs, Santa Ana s’était installé dans le fauteuil présidentiel. Un traité fut conclu entre le chef d’État et l’aventurier pour l’établissement à Sonora de 500 Français. Mais, comme Raousset-Boulbon se préparait à quitter la ville, Santa Ana, toujours sous l’influence de l’Angleterre, le rappela, reprit sa parole, et, par compensation, lui offrit le commandement d’un régiment mexicain.