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Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/59

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souvenirs d’amérique et de grèce.

La colonie française de Californie a décru en richesse et en nombre : son patriotisme est encore vibrant. En 1870, 1 500 000 francs sont venus de San Francisco adoucir les maux de nos soldats,… mais notre place est prise. Encore un pays que la nature et le hasard avaient orienté vers l’influence et le génie français et que nous avons maladroitement perdu ! Nous devrions au moins honorer une grande pensée et un noble caractère en élevant un petit bout de statue au comte de Raousset-Boulbon.

v

Il vous est loisible de relire ces choses en visitant vous-même les lieux qui en furent le théâtre : Ce récit sera autrement éloquent que le mien.

Toutes les missions ne sont pas ruinées : il y en a dont les chapelles, à demi restaurées, servent de paroisses. On y voit encore des peintures enfantines et des statues contournées représentant la Vierge en robe à paniers ou les saints en abbés de cour. Quand, au matin, par une aurore empourprée, ou bien à l’angélus du soir, la cloche, apparente au-dessus de la façade dentelée, se met à tinter doucement, elle évoque les pauvres Indiens raclant le sol avec leurs instruments primitifs, les lourds chariots aux roues massives, la sentinelle montant, autour de l’enceinte, une garde fantaisiste, et les longues processions avec les cierges de cire et les images de bois doré. Vous trouverez la mission de Monterey discrètement cachée derrière un repli de terrain et se mirant dans un étang