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canada britannique et canada français.

enfants assure à ceux-ci plus tard une supériorité sur leurs rivaux britanniques, qui ne peuvent pas — ou ne veulent pas apprendre un mot de français. Mais on donne aux idées un tour forcé, qui dans la suite paralyse leur fécondité, et l’on habitue l’intelligence à se mouvoir dans un cercle étroit d’où ne peut sortir rien de grand ni d’original. Et puis, c’est surtout l’éducation qui manque ; les exercices physiques, les soins de propreté, la formation du caractère, l’usage de la liberté, tout cela pour les Canadiens ce sont des billevesées. À côté d’eux, les jeunes Anglais jouent à des jeux virils, entrent dans la vie active avec de l’initiative et de la volonté,… et le résultat c’est que tous les bénéfices sont pour eux, que toutes les affaires se font autour d’eux, que leurs idées dominent et qu’ils regagnent ainsi, à Montréal même, ce que leur infériorité numérique leur ferait perdre. Le Canadien-Français avec sa robuste santé défriche, peine, ensemence laborieusement. L’Anglais récolte. Jamais peut-être la supériorité de l’éducation anglaise n’est apparue d’une manière plus nette et plus indubitable qu’en présence de cette race aux fortes qualités qui