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universités transatlantiques.

bouillonnant. Jamais cours d’eau n’a dû se donner tant de mal pour reconquérir sa liberté ; et comme si ce n’était pas assez des difficultés naturelles qu’il a à vaincre, des centaines de scieries sont venues s’installer dans ce lieu déchiqueté pour en compléter le chaos ; elles posent moitié sur le roc, moitié sur des pilotis ; l’eau se glisse partout, portant des arbres qui flottent à sa surface, faisant tourner des roues, et toujours bouillonnant ; des perspectives invraisemblables s’ouvrent çà et là sur les chutes ; une forte odeur de sapin imprègne l’atmosphère ; des planches s’entassent les unes sur les autres et, quand on regarde du côté de la ville, on voit sur la rivière des bancs de sciure de bois qui surnagent comme des algues ; et, dominant cette nappe d’eau tachetée de jaune, la silhouette élégante et légère du campanile et de la tiare moscovite.

L’université d’Ottawa est à la fois anglaise et catholique, c’est-à-dire qu’elle est principalement peuplée d’Irlandais. Ce double caractère se devine dès l’abord par la présence dans le parloir d’un prix de foot-ball qui fait vis-à-vis à un Bref du pape. On cultive, en effet, le