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nains ; il n’en faut pas tant pour passer agréablement deux heures. Quant à Saint-Augustin, c’est un Eden de deux mille habitants l’été, de dix mille l’hiver : c’est aussi la plus vieille fondation européenne de toute l’Amérique. L’Espagne y a laissé l’empreinte de son architecture, mais non de sa malpropreté. L’Amérique, elle, n’y a rien apporté, ni affaires, ni bourse, ni mouvement commercial. Les indigènes sont de braves pêcheurs décoratifs qui louent des bateaux et vendent des curiosités ; la municipalité n’a d’autre souci que d’embellir les places publiques ; il n’y a pas de lourdes charrettes pour défoncer les rues ou écorner les trottoirs : tout est frais, joli, élégant, soigné ; quant aux hôtels, ils défient toute description : nulle part au monde il n’en existe de pareils. Bâtis en pierres grises et polies qui ont le reflet du marbre, couverts d’ornements de terre cuite du plus gracieux effet, ils empruntent aux styles hindou et mexicain des lignes originales et hardies, à la Renaissance ses bas-reliefs et ses chapiteaux, au plein cintre ses arcs de cercle Bref, ce sont des œuvres absurdes, conçues en dehors