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louisiane, floride, virginie.

tation, la modération sans défaillances et la charité sans bornes, chacun se sentit empoigné. Le soir de la capitulation suprême, épuisé par les privations, la famine et la douleur morale, il traversa les rangs de ses vainqueurs ; tous les fronts se découvraient devant lui ; et il entra dans Richmond acclamé comme un triomphateur. Étrange triomphe : il y avait des larmes dans tous les yeux, l’incendie achevait de dévorer la ville et les habitants étaient vêtus de deuil !

Quatre mois durant, l’ovation continua. On stationnait sous ses fenêtres pour le voir ; des adresses lui arrivaient de tous les points de l’Amérique et de l’Europe ; sa maison devenait un lieu de pèlerinage ; son nom était sur toutes les lèvres. L’Angleterre lui offrait asile et fortune, mais il voulait donner l’exemple et rester à son poste. La tentation d’émigrer n’était que trop puissante pour des hommes vaincus et ruinés et tous ses efforts tendaient à les retenir dans leur patrie. Il puisait une consolation à sa douleur dans ce patriotisme à deux faces qui remplit les cœurs américains : la Virginie était battue, mais les États-Unis étaient sauvés !