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la nouvelle-angleterre.

Comme la ville, les habitants aussi ont deux faces : ils font des affaires et s’enrichissent peut-être plus lentement, mais sans doute plus sûrement que les New Yorkais ; ils s’agitent, remuent, boivent de l’eau glacée pour éteindre le feu qu’ils rallument avec des cocktails ; d’autre part ils ont des goûts raffinés, et se retirent pour les satisfaire ; les New Yorkais demeurent sur la brèche jusqu’à ce que la mort vienne les trouver : les Bostoniens l’attendent à l’Union Club. C’est là qu’après avoir beaucoup parcouru le monde, doué d’une largeur de vues qui frise le scepticisme, causeur charmant, fin critique, homme correct et affable, le Bostonien célibataire, veuf ou un peu marié, établit son dernier quartier général. La presse de l’univers entier lui apporte les échos des pays qu’il a parcourus, les paroles des hommes politiques qu’il a rencontrés ; Berlin, Pétersbourg et Paris lui sont connus comme Buenos Ayres et Santiago et lorsque, sur le tard, il lui prend fantaisie de changer d’air à la suite de quelque névralgie ou d’une attaque de rhumatisme, il s’en va passer trois semaines au Caire !