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la stabilité et la paix intérieure. Rien ne peut suppléer aux résultats d’une vraie et consciencieuse réforme sociale ; mais rien, non plus, ne saurait nous empêcher de préparer le terrain de cette réforme, car il faut qu’elle soit accomplie d’abord dans les idées et dans les mœurs avant de pouvoir devenir une réalité. Sans se désintéresser des luttes politiques auxquelles ils peuvent avoir à se mêler, les membres de nos associations combattent pour des intérêts autrement conservateurs, autrement dignes de ce nom, du moins, que ceux qui se trouvent ainsi désignés dans les luttes électorales. Ils sont plus de trois mille cinq cents ; c’est peu, si l’on considère la grandeur de leurs espérances ; ce serait beaucoup, si tous menaient vigoureusement la campagne et se faisaient les ardents champions des idées de leur fondateur.

Je représente devant vous la première génération de ceux qui n’ont point connu Le Play, qui sont entrés dans la vie active alors que cette grande intelligence venait de s’éteindre, mais qui ont suivi le sillage lumineux qu’elle avait tracée dans son passage à travers ce siècle tourmenté. Je voudrais à mon tour faire passer devant vos yeux un reflet de cette lumière ; puisse votre bienveillance m’aider à remplir une mission si difficile.

La famille, l’État, les rapports sociaux, voilà les trois grandes divisions de cette conférence. On pourrait les étendre davantage, traiter séparément de la religion, du travail, de la propriété, etc. Mais, tout compte fait, rien de ce que nous cherchons à réformer qui ne puisse se ranger sous l’un de ces trois termes ; si la constitution de la